construire - (a)ménager - réhabiliter - transformer - scénographier
Scénographier l’expérience
Penser l’espace comme un récit vivant qui guide et interpelle l’usager

L’espace comme un récit
À l’Atelier HOZE, nous considérons l’architecture comme un récit vivant. Comme le rappelle l’urbaniste et géographe Pascal Amphoux, une ville – et par extension tout espace bâti – se lit comme une succession de séquences, de seuils et de scènes d’usages. Un lieu n’est jamais un simple assemblage de fonctions : il raconte une histoire, s’anime au rythme des parcours et des gestes de ses usagers.
Une de nos méthodes consiste à observer et analyser les déplacements : qui traverse l’espace ? à quelle heure ? dans quel état d’esprit ? Nous identifions différents profils d’usagers et leurs usages potentiels afin d’imaginer plusieurs scénarios de parcours et d’offrir ainsi plusieurs niveaux de lecture adaptés à chacun. Cette approche, nous l’avons par exemple mise en œuvre lors de la transformation d’une cour OASIS : nous avons observé le cheminement des enfants et des enseignants pour dessiner des espaces adaptés à leurs rythmes et à leurs besoins.
La scénographie devient alors un outil puissant pour tisser un ensemble cohérent malgré la diversité des lieux et des usages : elle permet de créer des parcours fluides tout en ménageant des respirations : pauses, points de vue, interactions.
La scénographie des ambiances
Scénographier l’expérience, c’est aussi scénographier les ambiances : lumière, matière, végétal, mobilier, sons… tous ces éléments composent un univers sensible et immersif. Mais il ne s’agit pas seulement de juxtaposer des atmosphères : il faut jouer avec les pleins et les vides, créer des contrastes et des repères.
Cette approche a notamment guidé notre projet d’aménagement du centre-ville de Moissy-Cramayel, où nous avons travaillé sur la variété des ambiances : une grande place ouverte sur le marché, mais pensée comme un espace évolutif. Tantôt pleine lorsqu’elle accueille le marché, tantôt vide le reste du temps, elle offre une flexibilité qui laisse place à la sérendipité : des usages programmés et ponctuels peuvent coexister avec des occupations plus libres et inattendues. Cet équilibre permet de multiplier les expériences, de surprendre et de renouveler la relation des habitants avec leur centre-ville.
Nous aimons qualifier cette approche d’« architecture d’exposer », car elle permet de concevoir un projet comme on met en scène une exposition. Chaque ambiance a sa fonction, son intensité et son rythme : il s’agit d’organiser un parcours, de guider sans contraindre, de permettre plusieurs lectures d’un même lieu.
De l’exposition à l’architecture
Notre démarche fait un parallèle naturel avec la scénographie d’exposition. Là aussi, il s’agit d’organiser un parcours : gérer les seuils, créer des ambiances, guider sans contraindre. Les visiteurs peuvent suivre un chemin principal ou explorer des itinéraires plus personnels, selon leur sensibilité et leur curiosité.
Nous aimons qualifier cette approche d’« architecture d’exposer » : concevoir un projet comme on met en scène une exposition. Cela suppose de penser les espaces comme des séquences narratives, où chaque ambiance a sa fonction, son intensité et son rythme. Cette vision est précieuse pour développer des projets à forte dimension sensible et culturelle : musées, expositions temporaires, espaces culturels… mais aussi aménagements urbains et architecturaux.
Car in fine, scénographier les usages, c’est relier la fonctionnalité à l’émotion, pour que l’usager s’approprie pleinement le lieu et en devienne acteur.
« Scénographier les usages, c’est transformer un lieu en expérience. C’est donner envie de s’y attarder, de s’y rencontrer, d’y revenir. » - Atelier HOZE